Mélange de bibliothèque de prêt, de salle de presse, de salle de spectacle et d'université populaire, ils devaient officiellement permettre aux citoyens allemands d'accéder à nouveau à la politique et à la culture européennes et occidentales après la fin de la guerre. Officieusement, ces centres servaient également au gouvernement britannique à influencer l'opinion publique en faveur des intérêts britanniques.

Le "Brücke" de Bonn était l'un des centres les plus performants. Selon les rapports, jusqu'à 20.000 visiteurs par mois fréquentaient parfois ses locaux. Le public du "Brücke" était principalement composé d'étudiants et de personnes ayant une formation universitaire.

Un coup d'œil sur le programme révèle des choses tout à fait remarquables. L'éventail des conférenciers invités était large. Non seulement leur contenu représentait un large spectre de l'art, de la politique et de l'économie. Leur renommée était également très différente. Ainsi, à l'intervention d'un prix Nobel de littérature s'opposent des conférences données par des profanes intéressés. De même, les positions politiques des conférenciers étaient parfois très différentes. Certes, un nombre relativement important de professeurs qui avaient eux-mêmes été persécutés ou désavantagés par les nationaux-socialistes ont pris la parole. Certains d'entre eux avaient même survécu aux camps de concentration ou à la détention par la Gestapo. D'un autre côté, on trouve également dans le programme des personnes qui ont été étroitement impliquées dans le système nazi, parfois de manière non négligeable, et qui se sont présentées avant 1945 comme des nationaux-socialistes convaincus.

La période nazie n'a guère été évoquée dans le "Brücke", du moins dans le programme officiel. La diffusion d'un documentaire sur les procès de Nuremberg, qui a même été rediffusé plusieurs fois en raison de la forte demande, est d'autant plus remarquable. Les évolutions du climat politique en Grande-Bretagne, comme l'inquiétude croissante face au communisme, ont été en partie reflétées dans le programme.

Pour les Britanniques, les centres étaient dès le début liés à des coûts élevés. L'abonnement à divers quotidiens, notamment, grevait le budget. Dans les années 1950, l'État n'étant plus disposé à fournir les moyens nécessaires, l'histoire des "ponts" dans les villes d'Allemagne de l'Ouest prit progressivement fin.

Le mémorial et le centre de documentation sur le nazisme de Bonn ont pu reconstruire une grande partie du programme du "pont" de Bonn à partir de fonds d'archives et de leurs propres recherches. La publication de ces résultats doit donner une impulsion à la poursuite de l'étude scientifique de l'institution et attirer l'attention sur un chapitre de l'histoire de l'après-guerre à Bonn qui n'a pas été pris en compte jusqu'à présent.

(Du côté du mémorial, Jonas Blum et Flora Hohoff ont participé à la rédaction dans le cadre de leur stage).